En quittant Dawson City, Michel a hésité longuement avant
d’entreprendre la route Top of the World à cause de la température.
Il y a 2 choix pour se rendre à Tok en Alaska : soit
par la route du Klondike vers le sud jusqu’à Whitehorse (donc revenir sur nos
pas avec les feux de forêt) puis l’Alaska Highway vers le nord pour un total de
1154 kilomètres (2 jours) ou bien par la route « Top of the World », un
chemin beaucoup plus court mais en grande partie en gravier et terre battue
(298 kilomètres).
Pour Michel, il est clair que ce chemin est une très
mauvaise idée sous la pluie et ce matin, le temps est très nuageux et on
annonce pas mal de pluie pour toute la journée. Mais il ne pleut pas encore
malgré le fait que nous ayons eu de la pluie pendant la nuit.
C’est vraiment dommage d’être si près d’un souhait important
dans le« Bucket List » de Michel et de ne pas le réaliser… alors, on
décide d’y aller !
Çà commence plutôt mal, le traversier que l’on doit prendre
pour se rendre de l’autre côté du fleuve Yukon est arrêté parce que Transport
Canada fait une vérification sur le bateau et vérifie le statut des employés. Nous
qui espérions battre la pluie de vitesse…enfin, deux heures plus tard, nous
finissons par embarquer pour une traversée d’à peine 15 minutes, puis nous
commençons à monter sur la route du Top of the World.
Le début se passe bien, c’est asphalté pour une dizaine de
kilomètres et, la route de gravier et terre est en bon état jusqu’à ce qu’il
commence à pleuvoir. Çà devient alors plutôt boueux et glissant, mais
heureusement, la pluie ne dure pas.
Après 107 kilomètres sur cette route, nous arrivons à la
frontière pour entrer en Alaska ; c’est un des plus petits postes frontaliers
que nous avons vus, c’est celui le plus au nord de l’Amérique et celui en plus
haute altitude.
Poste frontière de Poker Creek, AK - population : 3 ! |
À partir de là, c’est fantastique ! Une route neuve, sinueuse
mais asphaltée pendant environ 10 kilomètres. Après, c’est l’enfer, le chemin
de terre est raboteux, plein de trous, avec des sections « planche à
laver » qui rendent le trajet très inconfortable. C’est comme cela pendant
une cinquantaine de kilomètres jusqu’à l’agglomération de Chicken qui compte 30
habitants et 3 commerces !
On décide alors de coucher là, histoire de se
remettre de nos émotions et d’arrêter de brasser. Ici, on s’en doute, il n’y a
pas de services municipaux ni d'électricité : à notre camping (il y en a 2), l’électricité
provient d’une génératrice et l’eau potable est transportée par camion. Nous
étions quand même très bien installés (avec électricité) et la boutique de souvenirs est probablement
une de celles qui offraient les plus belles choses depuis le début de notre voyage.
Le lendemain, on s’attendait à une route plus facile jusqu’à
Tetlin Junction (Taylor Highway). Environ la moitié des 100 kilomètres était
pavée et correcte malgré quelques soubresauts, mais l’autre moitié était
terrible. On a compris que les Américains semblent avoir abandonné cette route,
dommage ! Enfin à Tetlin Junction, nous avons retrouvé l’Alaska Highway et
avons parcouru 20 kilomètres jusqu’à Tok.
Ce chemin représentait un défi que Michel voulait relever
depuis des années ; le trajet se déroule sur le dessus des montagnes et les
vues d’un côté comme de l’autre doivent être fantastiques. Malheureusement pour
nous, la fumée des feux de forêt combinée à un plafond très bas ont fait que
nous ne pouvions que deviner ce qui nous entourait.
Avec toutes ses conditions, le motorisé et le Jeep n’avaient
jamais été aussi sales. Ils avaient d’amour… et nous aussi…
Nous sommes arrêtés à Tok où on a eu la chance de trouver un
très beau camping avec un super endroit pour laver les véhicules ; pendant 90
minutes (sous une fine pluie) on a brossé, lavé et rincé le VR et l’auto à
l’aide de 2 fusils à haute pression. Il y avait une croûte de boue collée sur
la voiture, dans certains compartiments du VR et sur le moteur de l’auto.
Ici, on est vraiment au cœur de l'Alaska et nous y serons pour les 3 prochaines semaines. En passant Tok se prononce Toke comme Coke, nous prononcions Toc comme Coq, les gens ne semblaient pas nous comprendre.
À Tok, nous sommes de retour sur la route de l’Alaska
(Alaska Highway). C’est par cette route que nous avons repris notre ascension
vers le nord jusqu’à Fairbanks. Cette fois, Diane voulait rebrousser chemin jusqu’à
Tok, à cause de la fumée des feux qui épaississait, mais après nous être
informés à Delta Junction, nous avons décidé de continuer car on annonçait de
meilleures conditions plus loin. Pas besoin de dire que malgré que nous étions
entourés d’impressionnantes montagnes, nous n’avons pas vu grand chose dans la
boucane.
Delta Junction marque la fin officielle de l'Alaska Highway |
Fairbanks est une ville d'environ 32 000 habitants (100 000 dans l'agglomération) ; ici, il fait clair pendant 70 jours consécutifs jusqu'au début août ! C'est la destination la plus au nord de notre voyage
et presque la plus éloignée, 6525 kilomètres par le chemin le plus court. Dans
quelques jours, nous serons à Homer qui est l’endroit le plus à l’ouest
joignable par voie terrestre en Amérique et nous serons à 7065 kilomètres de
chez nous.
Ici, nous couchons dans un « resort » et nous
sommes très bien installés ; le dimanche, nous sommes allés à la messe dans
l’ancienne cathédrale de la ville, une vieille église construite en 1904 et
déménagée de l’autre côté de la rivière en 1912 (en hiver et sur la glace). Comme dans plusieurs endroits
aux États-Unis, l’église était bondée et il y avait des placiers pour s’assurer
que tous les bancs étaient occupés. Malgré cela, il y avait du monde debout à
l’arrière, ce qu’on ne voit plus au Québec depuis longtemps !
Ensuite, nous avons exploré le centre ville désert et,
franchement, pas très excitant. Les endroits qui nous ont plu sont les parcs et
la rivière qui est omniprésente ainsi que le centre d’information où on
retrouve une exposition sur cette vie dans le grand nord. Comme nous n’avons pas
trouvé d’endroit attirant pour le dîner, nous sommes retournés au VR car Michel
était inquiet… avant de partir, on a été incapable de refermer l’auvent de patio. En fin d'après-midi, nous sommes retournés au centre d'information pour voir un documentaire sur les aurores boréales, malheureusement nous nous sommes endormis tous les deux... je pense qu'on est fatigués... Dans la région on peut admirer des aurores boréales à compter de la fin d'août.
Ce n’est que lundi avant notre départ que Michel, grimpé sur
un petit escabeau installé sur une table à pique-nique, a réussi à ouvrir le couvercle du
moteur (de l'auvent). À l’aide de la batterie de l’auto, on a fini par comprendre que le moteur
est encore bon (bonne nouvelle) et que le problème vient d’ailleurs (où ?).
Enfin, on a refermé l’auvent, emballé le mécanisme exposé et nous avons été en
mesure de partir vers 12 h. Mais juste avant de quitter, Michel s’est foulé le
4e orteil du pied droit, il avait donc 2 gros orteils dans sa
sandale…
Nous sommes donc arrivés à Denali vers 16 h et n’avons pas réussi à apercevoir le mont McKinley, le sommet le plus élevé de l’Amérique du Nord
(6910 kilomètres). Le lendemain, comme les conditions météo étaient plutôt
passables, nous avons choisi d’aller rouler sur la Denali Highway, une belle
route de gravelle, pour voir de beaux paysages et des animaux sauvages.
Sur la Denali Highway... |
Nous avons fait 35 kilomètres
avant de rebrousser chemin car, encore une fois, le mauvais temps nous empêchait
de bien apprécier la vue mais Diane était contente de se promener dans la
toundra et les épinettes. Évidemment, nous avons visité le village de Denali et avons soupé au Prospector's Pizzeria. Le village de Denali est tout petit, mais il y a un gros hôtel de Princess Cruise et des dizaines de boutiques de souvenirs ou vendeurs d'excursion en Jeep, VTT, canot ou avion. Entre le village et notre camping, la route passe par le Denali Canyon et c'est vraiment très beau.
Après avoir cherché sur la Denali, on a rencontré cet orignal sur la route principale ! |
Pour visiter le parc Denali, il est impossible de le faire
en voiture. On doit obligatoirement prendre les autobus du parc. Nous avons
acheté nos billets en fin de journée pour le lendemain. Notre trajet nous
amènera jusqu’à un mini centre d’information à 106 kilomètres de l’entrée du
parc, prendra 4 heures pour aller seulement et nous ramènera un autre 4 heures
plus tard à notre point de départ. Avant de rentrer, nous avons fait un détour pour voir une démonstration au chenil de chiens de traîneau ; les chiens sont magnifiques, ce sont des Alaskan Huskies et sont tous bridés sur place.
Ils travaillent environ 9 ans avant de prendre leur retraite et parcourent jusqu'à 5000 kilomètres par année. On nous a expliqué que comme le parc a une cote environnementale très élevée, l'utilisation de véhicules à moteur est limitée au maximum et les traîneaux à chien sont la meilleure façon de se déplacer pendant l'hiver.
Le mercredi matin, à 8 h 30, nous montions dans un bel
autobus vert pour la journée. Après environ 20 kilomètres, la route asphaltée
prend fin et on commence une petite route très sinueuse et étroite. Impossible
de rencontrer sans qu’un des deux véhicules ne s‘arrête complètement. Le
chauffeur s’arrête à chaque fois que l’on peut voir des animaux, c’est-à-dire
souvent ! Il y a également 3 pauses « pipi » ; on doit apporter notre
bouffe car il n’y a aucun service une fois entré dans le parc.
Ce n'est pas comme un troupeau de bison, mais il faut quand même attendre ! |
Notre
destination devait nous permettre de voir le mont McKinley, mais il y avait
trop de nuages pour qu’on puisse l’apercevoir. Par contre, les paysages sont parfois magnifiques malgré les trop nombreux nuages...
Nous quittons Denali sous une grosse pluie le jeudi matin ;
heureusement, une fois sur la route, la pluie a cessé une vingtaine de minutes
plus tard et le soleil s’est joint à nous. Après environ 2
heures de route, nous avons enfin pu voir le mont McKinley de façon très nette.
Il est loin, mais on voit qu’il est nettement plus élevé que les autres montagnes
; nous sommes arrêtés à trois endroits différents pour l’admirer.
Anchorage est la plus grande ville de l'Alaska. On y compte environ 400 000 habitants incluant les banlieues ; notre grande surprise en arrivant ici est de retrouver des autoroutes à 6 voies et beaucoup de circulation, on avait perdu l'habitude ! Ici les journées sont plus courte d'environ une heure par rapport à Fairbanks. Mauvaise surprise en arrivant, on s'est rendu compte que Michel avait laissé sa carte débit au restaurant à Denali à 250 kilomètres au nord... on a réussi à arranger ça en faisant annuler la carte... On a pris la journée du vendredi pour
nous mettre à jour, faire du lavage, payer des comptes, se réapprovisionner etc. Le samedi a été
consacré à une visite du centre ville et une marche le long d’un cours d’eau
dans lequel plusieurs personnes pêchaient.
On a pu voir des centaines de saumons qui remontent le cours d’eau… vraiment impressionnant !
Diane a un rhume et fait un peu de fièvre, Michel l'a fait coucher tôt...Demain, on se dirige vers le terrain de jeu de l'Alaska, la péninsule de Kenai.
Comme d'habitude, vous pourrez voir plus de photos en cliquant sur le lien suivant :
https://share.icloud.com/photos/0mM3BJdPgBvaRccUFMcfZJsVA
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Brave Brave les explorateurs ! Félicitation pour ce beau reportage digne des meilleurs de National Géographique ! Carole et Richard
RépondreSupprimerQuelle beau voyage. Ça renforce notre intérêt à faire ce voyage que nous tardons à réaliser.
RépondreSupprimerBonne poursuite et Michel soigne bien ton 3e gros orteil.